2. Accompagner le choix d’une méthode d’investigation

Les lectures préliminaires ainsi que des entretiens avec des personnes connaissant bien la problématique sont nécessaires pour connaître l’état de la question au début du travail. Cette prise d’information va aider l’assistant(e) à définir la question de recherche et l’objectif du TFE.

De l’objectif finalement choisi découle le choix de la méthode de travail qui permettra de répondre à la question de recherche : travail bibliographique, processus d’amélioration de la qualité, étude qualitative, etc. Il n’est pas rare que plusieurs méthodes doivent être combinées, successivement ou simultanément, pour appréhender correctement une réalité !

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Études quantitatives

Les études quantitatives sont destinées à mesurer des variables (p. ex. prévalence d’une pathologie, variables biologiques), à les comparer entre elles, à déterminer des liens statistiques d’association ou de causalité entre elles, à vérifier des hypothèses. Elles répondent plutôt à la question « combien ? ».

Elles procèdent d’un paradigme empirique (l’expérience est l’origine des connaissances) et positiviste (la réalité ne peut être décrite que par l’expérimentation).

Ces études sont très largement répandues dans le monde médical ; dans les études randomisées contrôlées, ce sont elles qui fournissent la matière première à nos recommandations de pratique dans les thématiques de biomédecine. De façon plus pragmatique, les assistant(e)s les choisissent pour des études transversales, rétrospectives ou des études de cas au sein de groupes de patients, souvent sur base des données de dossiers médicaux ou de questionnaires.

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Etudes qualitatives

Les études qualitatives sont destinées à étudier des comportements, des opinions, des phénomènes sociaux. Basées sur des prises d’avis auprès de personnes choisies pour leur positionnement dans la thématique investiguée, elles cherchent à répondre plutôt aux questions « comment ? » ou « pourquoi ? ». Elles permettent ainsi une interprétation par le chercheur du réel dans un contexte donné.

Elles s’intègrent dans le paradigme constructiviste (théorie de l’apprentissage : la connaissance est une élaboration humaine et non le reflet exact de la réalité).

Ces méthodes sont aussi exploitées en raison de leur caractère exploratoire. Lorsque la littérature fait défaut pour expliquer un phénomène, il est difficile de construire un instrument d’enquête (p. ex. un questionnaire) sans savoir quelles informations recueillir ; le risque est de projeter les opinions de l’enquêteur ou du chercheur dans la façon de recueillir les informations, créant un biais majeur. Les méthodes qualitatives, en écoutant la parole ou en observant le comportement – seul ou en groupe – des personnes qui vivent la situation, permettent de recueillir la diversité des comportements, du sens, des valeurs, présentes dans une catégorie d’individus en un lieu et un temps donnés.

Contrairement aux méthodes quantitatives, dans lesquelles la position du chercheur est supposée neutre lorsqu’il examine des faits, la posture épistémologique (la vision du monde) du chercheur est primordiale dans les méthodes qualitatives. Il importe que cet aspect soit clair pour ne pas introduire de biais dans l’étude. Par exemple, un(e) assistant(e) interrogeant ses propres patients dans le cadre d’une étude va créer, d’une part un biais de désirabilité sociale chez les patients qui auront envie de « faire plaisir » à leur médecin, et d’autre part risque de guider l’entretien au départ de sa vision « médicale » du problème, et ainsi manquer le point de vue « non médical » des patients. En revanche, la présence d’un(e) assistant(e) dans un GLEM peut s’apparenter à de l’observation participante ou non participante, méthodes dans lesquelles le rôle de médecin parmi des médecins peut être totalement assumé et accepté.

Ecrire le résultat d’une recherche qualitative suppose quelques règles, écrites sous forme de check-lists : http://www.h2mw.eu/redactionmedicale/2014/01/the-rats-guidelines-pour-les-recherches-qualitatives.html

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Méthodes semi-quantitatives

Les méthodes de consensus, Delphi ou groupe nominal, permettent à la fois d’explorer des opinions et de quantifier leur importance dans un groupe.

La méthode du groupe nominal permet de faire évoquer rapidement par un groupe de nombreuses propositions par rapport à un sujet peu connu ; cette partie de la procédure permet un classement thématique qualitatif. Les priorités émises par un groupe permettent d’obtenir un classement chiffré, et l’agrégation ou la comparaison des priorités de plusieurs groupes ayant travaillé successivement ou simultanément. Cette méthode est particulièrement légère dans sa méthodologie, et rapide dans son exécution et son interprétation.

La méthode Delphi autorise une analyse qualitative des réponses ouvertes et des commentaires des participants, alors que les mesures sur les échelles d’accord (échelles de Likert) permettent de mesurer des pourcentages, des moyennes, médianes, déviations standard et autres coefficients kappa pondérés. Si toutes ces analyses ne sont pas chaque fois indispensables, les amateurs de statistiques peuvent y trouver beaucoup de plaisir.

vers-redacteur6. les-méthodes de consensus

Qualité des soins

Les enquêtes de pratique, audits cliniques, recherches-action et autres cycles de qualité conviennent lorsque l’assistant(e) souhaite analyser et améliorer un aspect de la prise en charge clinique (ex : la systématisation du dépistage du risque cardio-vasculaire dans une tranche d’âge déterminée, la vaccination des enfants de 6 ans, etc.) ou un aspect de l’organisation pratique du métier (ex : les rendez-vous, les gardes, etc.).

Le côté structuré des démarches proposées qui s’enchaînent dans un ordre précis permet souvent d’obtenir une grande satisfaction dans les résultats, ou du moins de bien comprendre les raisons de résultats mitigés ou insuffisants afin de réorienter l’action ultérieurement.

Selon les attentes et les circonstances de travail, la méthode peut intégrer des démarches qualitatives et/ou quantitatives.

Dans ce type de travaux, l’assistant(e) sera jugé sur la rigueur de la conduite du processus et l’analyse critique de ses éventuels échecs, et non sur l’atteinte de résultats proches des attentes de départ.

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6. Assurance de qualité

 

Recherche bibliographique secondaire

Il s’agit ici de travaux de recherche sur la littérature : revues systématiques, méta-analyses et méta-ethnographies. Ces travaux contribuent de façon majeure à la validation des connaissances que nous utilisons quotidiennement dans la pratique. Cependant, pour être valables, ces travaux demandent de suivre une méthodologie rigoureuse ! Les assistant(e)s motivés par ce type de recherche ne doivent pas être découragés, car les généralistes investis dans le domaine sont trop rares. En revanche, ils/elles doivent être correctement encadrés et soutenus. Ces travaux résultent le plus souvent d’un travail collaboratif au sein d’une équipe qu’un assistant(e) pourrait parfaitement rejoindre dans le cadre de son TFE, à condition de pouvoir y identifier sa contribution personnelle. Un contact préalable avec le promoteur académique est indispensable pour préciser cet aspect.

Les revues systématiques et les méta-analyses concernent les publications traitant de recherches quantitatives, et font appel à des méthodes statistiques d’intégration des résultats. Pour illustrer la démarche requise pour une revue systématique Cochrane ou une méta-analyse, se référer au site cebam.be Le CEBAM organise des formations à ce type de travaux, et accompagne les rédacteurs : http://www.cebam.be/fr/cochrane/Pages/Cochrane-Courses.aspx.

Dans le champ de la recherche qualitative, une démarche similaire est possible (méta-synthèse, méta-analyse qualitative, méta-ethnographie). Dans ce cas, les données disponibles ne sont pas agrégées mais comparées et interprétées afin d’en produire une synthèse claire et cohérente.

 

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