Plusieurs modèles ont été développés au cours de la seconde moitié du XXe siècle pour prédire les (changements de) comportements des individus, entre autres dans le domaine de la santé. On peut les classer en deux groupes principaux : les modèles sociocognitifs, qui font intervenir un nombre restreint de déterminants du comportement (croyances, attitudes, auto-efficacité), et les modèles à étapes.
3.1.1. Modèles sociocognitifs
Ces modèles ont pour vocation d’organiser des interventions visant à changer le comportement des individus. Dans ces modèles, les déterminants « proximaux » (facteur motivationnel ou attitude, perception et intériorisation des normes, sentiment d’auto-efficacité) ont un rôle premier, et conditionnent l’intention d’agir, qui précède elle-même le comportement ; l’influence des déterminants « distaux » (société, culture, personnalité) est modulée par les premiers. Ces trois éléments – attitude, normes, auto-efficacité – se trouvent à la base de nombreux modèles développés depuis (Exemple : figure 1).
3.1.2. Modèles à étapes
Dans cette approche, les changements de comportement sont inclus dans un processus dynamique comportant plusieurs étapes distinctes, se succédant dans un ordre défini. Le modèle dominant dans cette approche est le modèle de Prochaska et DiClemente, largement répandu dans le corps médical pour l’aide au sevrage tabagique, mais pouvant être utilisé dans de nombreuses autres situations impliquant un changement de comportement (figure 2). Le succès planétaire de ce modèle traduit en effet sa très large applicabilité.
3.1.3. Modèle intégré
Hein de Vries, a développé et peaufiné un modèle intégré (De Vries, 2008). La triade classique attitudes – normes – auto-efficacité (intégrée ici sous le titre « Motivational factors ») est au centre du processus ; ces trois facteurs motivationnels sont influencés par des facteurs prédisposants (comportementaux, psychologiques, socio-culturels), des facteurs de conscientisation et des facteurs d’information ; le processus cyclique de Prochaska et DiClemente (intégré ici sous le titre « Intention state ») vient ensuite. Entre l’intention et le comportement proprement dit, des facteurs favorisants et des obstacles peuvent encore moduler l’issue comportementale (figure 3).
Références
Ajzen, I. (1985). From intentions to actions: A theory of planned behavio
r. In J. Kühl & J. Beckmann (Eds.), Action control, from cognition to behavior (pp. 11-39). Heidelberg: Springer-Verlag.
Ajzen, I. (1991). The theory of planned behavior. Organizational Behavior and Human Decision Processes, 50(2), 179–211.
De Vries, H. (2008). The I-Change Model. Retrieved from http://www.maastricht-university.eu/hein.devries/interests/change
DiClemente, C. C., Prochaska, J. O., Fairhurst, S. K., Velicer, W. F., Vel
asquez, M. M., & Rossi, J. S. (1991). The process of smoking cessation: an analysis of precontemplation, contemplation, and preparation stages of change. Journal of Consulting and Clinical Psychology, 59(2), 295-304.
Miller, W. R., & Rollnick, S. (2013). L’entretien motivationnel. Aider la personne à engager le changement (2e ed.). Paris: InterEditions.
Prochaska, J. O., & Velicer, W. F. (1997). The transtheoretical model of
health behavior change. American Journal of Health Promotion, 12(1), 38-48.